Homélie du 19 Août en ce jour de fête de Saint Jean Eudes

Jour de Fête en l’honneur de notre fondateur Jean-Eudes. Jour de Fête avec nos confrères jubilaires, 3 de 70 ans, 2 de 60 ans, un 50 ans d’ordinations et un plus jeune de 25 ans d’incorporation. Si l’action de grâce nous habite, l’Evangile de cette solennité doit toujours nous interroger. Le Seigneur envoie ses disciples deux par deux, c'est-à-dire en équipe. Et Jean-Eudes avait bien vu l’importance de la mission commune « Ensemble pour la mission » ne peut être un slogan. C’est un choix d’importance, car l’Eglise n’est pas un rassemblement d’individus indépendants les uns des autres, étrangers les uns aux autres, mais bien un rassemblement de frères dans l’amour du Seigneur pour le service de la mission.

Les disciples ne sont pas partis non plus de leur propre chef, ils ont été envoyés par le Seigneur et ont obéi à sa parole, à ses consignes. Et cela n’est pas différent aujourd’hui. Que ce soit dans les collèges, en Afrique, en paroisse ou pour des services de la congrégation ou de l’Eglise de France, nos jubilaires nous ont montré un chemin dont il faut rendre grâce. Leurs disponibilités et leurs exemples peuvent aussi interroger certaines conceptions actuelles et servir de modèle. On ne s’envoie pas en mission. C’est le Christ qui appelle et envoie, mais il n’envoie pas en franc-tireur, il envoie par l’autorité de l’Eglise. Et l’envoyé se doit donc, pour obéir au Seigneur, se mettre sous les consignes de l’Eglise et être communion en Elle.

C’est là une réalité que certains catholiques et certains prêtres ne veulent pas voir, au risque de se protestantiser. Certes, en tant que prêtres, nous ne recevons pas nos ordres de missions directement du pape, mais nous les recevons de nos supérieurs, des responsables de nos paroisses, de l’évêque de notre diocèse. Et si nous nous sentons appelés directement par le Seigneur, n’agissons pas en franc-tireur, mais prenons le temps d’en référer à l’autorité de nos supérieurs et à celle de l’Eglise dont nous dépendons. Tout est grâce dans l’obéissance.

Enfin la mission ne doit pas dépendre de moyens financiers ou de grands techniques mais bien de notre dépendance en la providence de Dieu et à sa miséricorde. Pensons-nous aux conditions de missions des premiers apôtres, mais aussi de nos confrères qui ont fondé en Amérique du Nord et en Amérique Latine et en Afrique ! Quelles étaient leurs conditions de vie ? La parole de Jésus demeure donc aussi pour notre temps : « N'emportez ni argent, ni sac, ni sandales… », c’est-à-dire : allez là où on vous appelle avec les moyens qui sont les vôtres et Dieu pourvoira à la mission car ce qu’il vise lui ce n’est pas « le show » missionnaire mais bien l’ouverture des cœurs à sa grâce.  

La « nouvelle évangélisation » ne cherche pas tant de nouvelles méthodes, elle nous renvoie à notre propre rencontre de Jésus Christ, à notre propre vie d’amour avec Jésus, car on ne parle bien que de ceux que l’on aime. Voilà nos raisons de rendre grâce pour les chemins que Jean-Eudes nous a offert et pour le témoignage que nos jubilaires nous ont donnés.

Cet Evangile est profondément missionnaire. Il nous invite à réfléchir et nous interpelle sur notre vocation baptismale de disciple-missionnaire ! Quelle est pour nous l’importance d’annoncer Jésus Christ, d’annoncer son salut, son amour pour chaque homme à temps et à contretemps ? et il n’y a pas d’âge pour témoigner et pour rendre grâce.

Aimons-nous suffisamment Dieu pour oser laisser parler nos cœurs, dans un monde qui tente de le renier de toutes ses forces ? Aimons-nous suffisamment Dieu pour oser l’aimer et le nommer en public ?

Aujourd’hui, la mission qui est confiée à nos aînés de la permanence de la prière pour nos communautés, nos candidats, nos associés est plus que jamais nécessaire. Il s’agit bien d’une mission essentielle pour le corps fraternel de la famille eudiste. Merci chers confrères de vos vies données et du soutien de votre prière, l’action de grâce de ce jour présente cette offrande de vos vies à laquelle nous joignons les nôtres. Que sous le regard de Jean-Eudes, Dieu achève en nous ce qu’il a commencé, c’est la grâce que je nous souhaite en ce jour de fête ! Amen.

 

Père Pierre-Yves Pecqueux

Supérieur Provincial

 

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